Nous et les réseaux

Posté le 3 janvier 2019 · 6 minutes de lecture

Cela faisait un moment que je souhaitais écrire au sujet des réseaux sociaux. Non pas en terme de libertés, droits mais surtout en terme d’utilisation en tant qu’Humain.

Tout d’abord, rappelons un peu ce qu’est un réseau social:

Site internet qui permet aux internautes de se créer une page personnelle afin de partager et d’échanger des informations, des photos ou des vidéos avec leur communauté d’amis et leur réseau de connaissances.

Source: L’internaute

Je vais extrapoler aux groupes sociaux, c’est à dire qu’on se constitue un ou plusieurs groupes sociaux selon nos activités et nos passions. Par exemple, étant développeuse, j’appartiens à un groupe social avec mes collègues. Étant plus ou moins active dans une association LGBTQI+, je fais également partie de ce cercle social.

Ces cercles sont donc limité par une chose: un élément en commun. Ça peut être une orientation sexuelle, un travail, un passe-temps, etc. C’est le seul point commun entre chaque élément d’un groupe social. Les réseaux sociaux d’aujourd’hui (Facebook, Twitter, Mastodon, etc) ne filtrent pas les intérêts selon les groupes sociaux. Le premier à avoir eu l’idée des cercles sociaux est le défunt Google+ et Diaspora s’en est inspiré pour créer ces mêmes groupes.

Petite mise en situation: Un jeune homme d’une vingtaine d’années, homosexuel qui travaille en tant qu’infirmier dans un hôpital et sa passion est le jardinage. Cela peut paraître idiot, mais cet individu a plusieurs cercles sociaux:

  • Groupe de jeunes homosexuel·le·s ou associations LGBTQI+;
  • Club de jardinage
  • Groupe de discussions entre infirmier·ère·s

La question est alors: à quel moment:

  • Le groupe LGBT peut savoir qu’il est fan de jardinage ou qu’il travaille en tant qu’infirmier ?
  • Le club de jardinage peut savoir qu’il est infirmier et homosexuel ?
  • Que les soignants sachent qu’il est homosexuel ou fan de jardinage ?

Cette question est légitime pour chacun·e de nous: si je suis passionnée de développement et faisant partie d’une association LGBT, à quel moment puis-je le dire ?

Et là arrive les problèmes à coups de bélier dans les portes cérébrales de n’importe qui se posant la question. Avec les réseaux sociaux sur lesquels nous sommes, nos intérêts sont centralisés. Sur Diaspora, nous pouvons choisir cinq hashtags pour nous labeliser. Sur Mastodon, Twitter ou Instagram, on a également une petite description. Sur Facebook, c’est un peu plus subtil. Il faut modifier nos règles de confidentialité. Mais il existe du contenu sur chacuns d’eux. Des partages, des likes, des retweets ou des repouets, des cœurs sur Instagram. Tout ce contenu peut également servir à nous labeliser et c’est déjà utilisé par les agences publicitaires pour vous cibler.

Le problème, selon moi, est que ces réseaux sont ce qu’ils sont. À moins d’avoir plusieurs comptes sur chacuns d’eux pour différencier nos centres d’intérêts ou nos activités, nos données sont centralisées.

Autre cas concret: Un·e collègue avec qui vous vous entendez bien vous demande sur Instagram. Vous choisissez d’ignorer sa demande de suivi: pression sociale venant de ce·tte collègue. « Pourquoi tu ne m’acceptes pas ? », « On s’entend bien, tu pourrais au moins t’ouvrir un peu ! », etc. Ou alors, vous acceptez sa demande de suivi. Iel navigue sur votre compte, iel voit ce que vous aimez: des photos de jardinages, de l’outfit, du fitness, ce que vous êtes au fond de vous-même et pourquoi pas un fétichisme ?

Oui, nous avons tou·te·s certaines choses à cacher. À chaque publication que nous envoyons sur les réseaux, on doit accepter que ces postes soient retrouvés et utilisés pour ou contre vous. C’est un choix cornélien qu’est d’être sur des réseaux sociaux et toujours selon moi, très difficile à contrôler. Bien sûr, nous ne sommes pas tou·te·s des influenceur·euse·s où nous racontons nos vies sur les réseaux, mais il nous arrive d’avoir un regain d’intérêt ou de vouloir rencontrer d’autres personnes comme nous ou tout simplement partager des expériences de vie.

Si je vous raconte tout ça, c’est que dernièrement j’ai été confrontée à un dilemne: supprimer du contenu de ce blog, ne plus rien raconter de ma petite vie sur les réseaux, bien que ma vie ne soit pas très excitante, c’est souvent une bouffée d’oxygène de pouvoir parler d’un bout de nous. J’ai personnellement fait mon choix: je continue, j’estime que je peux parler de ce que je souhaite si j’estime l’espace assez sécurisé et sécurisant pour y raconter ce que je souhaite ou pour poster ce que je souhaite avec les hashtags que je souhaite.

Mais une fois de plus, c’est compliqué à gérer. Ce sont des questions auxquelles nous n’étions pas confronté·e·s il y a quelques années mais cela prend tout son sens lorsque l’on voit comment ça se passe au Brésil, aux USA ou en Ukraine où le simple fait d’être homosexuel·le peut nous mener à notre propre mort… y compris par supposition.